pour le manger ; il les abandonne ; quant à lui, il fut, selon toute apparence, mangé par les loups. Les deux autres se couchent, et l’Iroquois, toujours au guet de cette occasion, se lève la nuit, tue son camarade à coups de bâton. Mais il procède avec méthode, il satisfait d’abord sa première faim, puis il coupe le reste du corps en tranches et il les étend au soleil en les préparant comme la viande de bison. Il passe trois jours à apprêter cette chair ; il en fait un paquet, et continue son voyage le long de la rivière jusqu’à ce qu’il arrive à l’entrée du lac Supérieur. Il organise alors un radeau sur lequel il place sa chair séchée, mais il l’a recouverte d’écorce de pin, et s’asseyant dessus, il traverse ainsi le lac. Il rencontre bientôt un canot qu’on avait envoyé d’un des forts situés plus bas sur la rivière Spokau, à la recherche des absents.
Les gens du canot lui demandent de suite des nouvelles de ses compagnons. Il leur répond qu’ils l’avaient abandonné ; il joint à son mensonge un récit vrai de la perte du bateau. On le prend à bord du canot, et un des hommes voyant l’écorce restée sur le radeau, cherche à la prendre pour s’asseoir dessus. L’Iroquois éloigne vivement le radeau, avec des marques évidentes de confusion. Alors l’homme, qui remarque son embarras, navigue vers le radeau, soulève l’écorce et découvre la chair séchée qui est dessous ; on y distinguait encore un pied humain. Quand on lui demande où il a pris cette viande, il répond qu’il avait tué un loup qui traversait la rivière.
Le pied avec la chair qui l’entoure est recueilli en cachette dans le sac d’un des hommes, mais pas assez secrètement pour que le meurtrier ne l’aperçoive, et pendant la nuit il jette le sac à l’eau. Sans paraître avoir