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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

femme et tous les mâles de l’établissement. Le plan arrêté, une soixantaine d’entre eux s’arment et viennent au fort. Ils trouvent là nulle méfiance ; personne ne s’attend à un coup de main. M. et Mme  Whitman et leur neveu, âgé de dix-sept à dix-huit ans, se tenaient dans le salon ; Til-au-Kite et le chef To-ma-kus entrent très-tranquillement et annoncent au médecin leur intention de le tuer. Le docteur ne veut pas y croire et le leur dit ; mais, pendant qu’il parle, To-ma-kus tire un tomahawk de sa robe et le lui enfonce dans le cerveau. Le malheureux tombe mort de sa chaise. Mme  Whitman et le neveu se sauvent au haut de la maison, là ils s’enferment.

Pendant ce temps, Til-au-Kite donnait le war-whoop, ou signal, à sa troupe pour commencer le massacre ; c’est un ordre ; on l’exécute aussitôt avec une férocité diabolique. Mme  Whitman, entendant les cris et les râles des mourants, se met à la fenêtre et y reçoit du fils du chef une balle dans la poitrine. Pour une bande de furieux c’est le signal de monter en haut, de tuer le neveu sur-le-champ, de traîner la pauvre femme par les cheveux jusqu’en avant de la maison et de la mutiler atrocement à coups de couteau et de tomahawk. Un homme dont la femme était alitée dès le commencement de l’affaire court dans sa chambre, et, la prenant dans ses bras, la porte, sans qu’elle soit aperçue des Indiens, dans les épaisses broussailles qui bordent la rivière ; il transporte son cher fardeau dans la direction du fort Walla-Walla. À quinze milles environ, il se sent tellement épuisé, que, ne pouvant aller plus loin, il cache sa femme dans une épaisse touffe d’herbes, près de l’eau, et court au fort pour demander du secours. À son arrivée, M. Mac-Bain envoya des