jour jusqu’à dix-sept cents poissons, chacun pesant en moyenne trente livres. La moyenne probable de chaque journée de pêche à la trappe du chef est quatre cents. Le chef distribue le poisson ainsi pris pendant la saison à son peuple, en parts égales, depuis le plus âgé jusqu’au plus jeune.
Lorsque le saumon arrive aux chutes de la Chaudière, après avoir traversé tous les rapides qui entravent sa route depuis l’embouchure, à sept ou huit cents milles, il est tellement épuisé de fatigue, que souvent ses forces ne lui suffisent pas pour faire le saut ; alors, en se frappant contre les rochers, il se frappe si violemment le nez qu’il retombe étourdi et souvent mort ; il flotte ainsi sur la surface de l’eau, où quelques milles plus bas une autre tribu indienne, en dehors de la juridiction du chef, le recueille.
Jamais les saumons qui remontent le fleuve ne redescendent ensuite à la mer ; ils restent dans la rivière et y meurent en telles masses, qu’en descendant la rivière, ce que nous faisions chaque fois que nous trouvions l’eau calme, leurs corps empoisonnaient l’air alentour. Les jeunes vont à la mer au printemps. Jamais on ne trouve rien dans l’estomac de ceux qui remontent la Colombie, et jamais pêcheur à la ligne n’a pu en prendre, quelque adresse qu’il y mette ou quelque appât qu’il leur offre. Après l’expiration de ce mois privilégié, le chef abandonne son droit, car le poisson devient plus maigre et plus chétif ; alors tous ceux qui le veulent peuvent pêcher. Ils prennent des paniers plus petits que celui du chef. Quelques-uns se servent de lances, qu’ils manient avec beaucoup d’adresse : ils en prennent ainsi jusqu’à deux cents par jour. D’autres tendent, dans les rapides, des petits filets à