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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

nous n’en découvrons un qu’à notre campement du matin.

Enfin, nous atteignîmes la plus haute berge, et nous entrâmes dans une contrée sauvage et accidentée, plantée çà et là de petits groupes d’arbres, de plus en plus épais à mesure que nous avancions. Nous fûmes bientôt entourés de bois épais ; nous avions fait un détour d’environ vingt-cinq milles, et traversé des ravins d’une profondeur et d’une roideur prodigieuses. Nous retrouvâmes la rivière en face du confluent d’un petit ruisseau, sur les bords duquel nous aperçûmes deux Indiens. Dès qu’ils nous virent aussi, ils nous envoyèrent un canot, offrant de nous aider à faire nager les chevaux à travers la rivière, et nous assurant que la meilleure et la plus courte route de Colville était de leur côté. Nous acceptâmes leur offre amicale et campâmes auprès d’eux, sur l’autre rive.

Donny et moi étions tous deux horriblement fatigués de notre longue journée de route, de tout le travail que nous avions dû faire, et de la faiblesse causée par l’insuffisance de notre nourriture. Ces Indiens, comme je l’appris plus tard, sont en général fort mal disposés envers les blancs, et avaient souvent fort inquiété de petites bandes qui passaient, en levant un impôt sur eux pour le passage, de leur territoire. Mais envers moi ils furent d’une bonté extrême, m’offrant largement du saumon et des mûres sèches, ce qui venait fort à propos après la nourriture dégoûtante des derniers jours. L’un d’eux s’offrit même comme guide jusqu’à Colville. Mon expérience de ces derniers jours me fit accepter l’offre avec joie, et longtemps avant la nuit, je m’endormais aussi profondément que le malade le plus fatigué après une crise.