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les indiens de la baie d’hudson.

ner l’obstacle, mais mon homme ne m’ayant pas rejoint, je dus retourner le chercher ; plusieurs heures se passèrent à cela, et je commençais à craindre que lui et mes provisions ne fussent à tout jamais perdus. Enfin après une longue course je retrouve sa trace ; je la suis avec grand soin. Je m’aperçois bientôt qu’il a pris une fausse direction. Au bout de quelque temps je le découvre perché sur un rocher élevé, dans le lointain, criant et gesticulant de toutes ses forces jusqu’à ce que j’arrive à lui ; il était très-effrayé ; il m’assura que, s’il m’avait perdu, il n’aurait jamais pu avancer.

Malgré l’heure avancée, nous parvînmes à tourner le mur de basalte et à atteindre un ravin profond qui, de loin, ressemblait tellement aux bords de la Colombie, que je crus m’être fourvoyé.

Une fois au bord, et ne voyant pas d’eau au fond, je ne doutai plus que je n’eusse atteint le grand Coulet. Nous descendons à grand’peine le ravin haut et profond de mille pieds. Sa largeur varie entre un mille et un mille et demi. C’était jadis, sans aucun doute, un bras de la Colombie, qui coule maintenant à cinq ou six cents pieds plus bas. En se retirant, elle a laissé à découvert les bases d’énormes blocs de rochers qui en hérissent le fond, et dont quelques-uns s’élèvent jusqu’au niveau du pays environnant. Ce ravin extraordinaire a cent cinquante milles de long ; dans plusieurs endroits et pendant des longueurs de vingt milles, il est escarpé entre deux murs de basalte perpendiculaires de mille pieds de hauteur. Un magnifique gazon couvre le fond parfaitement plat de la vallée, excepté aux endroits où s’élancent les rochers dont je parle. Il ne renferme pas un seul arbre, et