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les indiens de la baie d’hudson.

heure et marchons toute la journée dans une contrée déserte, aride et sablonneuse, sans une goutte d’eau à boire, ou un seul arbrisseau pour nous abriter. Vers le soir nous apercevons un petit lac ; nous nous en approchons au plus vite. Dès que nos chevaux le voient, quoique épuisés de fatigue, ils partent au galop et se précipitent dans l’eau. Mais ils ne l’ont pas plutôt goûtée qu’ils se retirent, refusant d’en avaler une seule goutte. J’essaye moi-même, je la trouvai excessivement salée ; je n’oublierai jamais la pénible émotion que me fit cette découverte, qui me montrait l’impossibilité de satisfaire ma soif. Les chevaux, fatigués de notre longue et rapide marche, ne peuvent continuer ; malgré la douleur de rester auprès de cette eau que nous ne pouvions pas boire, la végétation qui l’entoure nous décide à passer la nuit dans cet endroit ; mais la soif nous empêche de dormir.

1er août. — Nous partîmes à quatre heures, le matin, et nous avançâmes courageusement, sans trouver d’eau, jusqu’à midi, quand nous trouvâmes un lac étroit, long d’un mille, très-peu profond et rempli de pélicans, dont les excréments avaient rendu l’eau verte et épaisse. Nonobstant son goût un peu salé, nous en passâmes dans un chiffon et la bûmes avec délice.

Après ce lac de Pélicans, nous entrâmes dans une région encore plus désolée. Toute la contrée, aussi loin que nous pouvions voir, était couverte de sable fin et mouvant que les vents violents amassent en immenses collines de quatre-vingt à cent vingt pieds de haut. La route devenait des plus fatigantes, car il nous fallait tirer par le nez nos chevaux épuisés, et nous enfoncions à chaque pas dans le sable brûlant.