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les indiens de la baie d’hudson.

séchés. À dix milles environ du fort, nous passâmes le Neyperees à la nage, à l’endroit où il se jette dans la Columbia, et nous suivîmes les bords de cette rivière pendant dix milles encore ; là nous campâmes. Pendant la journée nous avions traversé un grand campement de Neyperees ; ces Indiens sont d’ordinaire très-hospitaliers pour nous, mais cette fois ils nous volèrent une tasse en étain, chose très-précieuse dans cette partie du monde ; c’était probablement pour avoir un souvenir de notre passage. Je fis une petite esquisse d’un homme, et j’aurais pu avec ce dessin effrayer le chef et le forcer à me faire rendre ma tasse. Mais on m’avait tellement parlé de la fausseté et de la méchanceté de ces Indiens que je n’osai pas en tenter l’expérience.

30 juillet. — Après huit ou dix milles le long de la rivière, je découvris que j’avais oublié mes pistolets et d’autres objets au campement. J’envoyai mon serviteur les chercher, et je m’asseyai au bord de l’eau, avec chevaux et bagages, au grand soleil, sans le moindre abri. Pendant que j’attendais là, un canot s’approcha avec quatre Indiens tout rayés de boue blanche (terre de pipe ordinaire). En débarquant, ils parurent fort surpris, et m’observèrent de loin avec grande défiance, tantôt s’approchant tout près de moi, tantôt reculant. Ce manège continua pendant trois heures, sans que le moindre bruit ne rompit le profond silence qui m’entourait. Mon départ matinal, la chaleur terrible du soleil et le grand calme de la nature me portaient invinciblement au sommeil. Le danger que je courais suffisait à peine pour me faire ouvrir les yeux ; heureusement les Indiens hésitaient à mon égard. Je me tenais sur les bagages que j’avais enlevés aux chevaux ; mes yeux étaient grand ouverts et