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les indiens de la baie d’hudson.

épaisses. Le chef alors s’arrête, refusant de continuer, si je ne lui donne une couverture en payement ; mais je refuse net, et je pousse mon cheval, ordonnant à l’homme qui m’accompagnait de me suivre avec l’autre cheval. Le chef me rejoint au bout d’un mille et me guide jusqu’à la cascade par un des passages les plus sublimes et les plus effrayants que jamais homme ait contemplé.

Nous campâmes au pied de la cascade, et notre guide nous quitta fort satisfait d’un cadeau de tabac et de munition. La chute forme une nappe perpendiculaire de six cents pieds. Elle s’échappe de rochers d’un gris jaune qui s’élèvent encore à quatre cents pieds au-dessus. L’eau tombe dans un bassin de rochers avec un rugissement sourd et continu, puis elle se précipite avec violence pour se jeter dans le Neyperees. Un courant d’air continuel régnait autour de notre campement et y entretenait une délicieuse fraîcheur.

L’Indien me dit qu’après la saison des pluies la chute tombait avec un volume beaucoup plus considérable ; l’aspect doit donc être plus imposant encore.

15 juillet. — Nous quittâmes notre campement pour voir une cascade à quinze ou vingt milles plus haut ; il nous fallut abandonner le lit de la rivière et gagner le sommet des rochers par un ravin que nos chevaux peuvent gravir malgré sa rapidité. Dans les broussailles, nous trouvâmes des groseilles sauvages en quantité, ce qui nous rafraîchit singulièrement.

Parvenus au faite, nous découvrîmes, aussi loin que l’œil pouvait atteindre, un vrai désert de sable jaune, aride, avec çà et là d’énormes masses de rochers abruptes disséminés sur le sol. Pas un arbre, pas un buisson ne rompaient la monotonie de cette