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les indiens de la baie d’hudson.

épais et si continus, qu’ils rendent fréquemment le voyage impossible. Cinq hommes et un employé gardent le fort. L’établissement n’est tenu que pour le trafic avec les Indiens de l’intérieur, car ceux des environs du poste possèdent peu de pelleteries à vendre.

Les Indiens walla-wallas ne vivent presque que de saumon pendant toute l’année. En été, ils habitent des huttes faites avec des nattes de joncs qu’ils étendent sur des perches. Sans forêts dans leur voisinage, ils dépendent pour la petite quantité de combustible dont ils ont besoin, du bois charrié par la rivière, et qu’ils recueillent au printemps. En hiver, ils creusent dans le sol une grande excavation circulaire, profonde de dix à douze pieds, et qu’ils couvrent avec des blocs de bois sur lesquels ils mettent une couche de boue ramassée dans la rivière. Ils ménagent, sur l’un des côtés du toit, une ouverture assez grande pour y entrer. Une poutre coupée de fortes entailles va jusqu’au fond de l’excavation, et sert d’échelle pour descendre dans la demeure souterraine et pour en sortir. Douze ou quinze individus s’y enterrent pendant l’hiver…

C’est souvent tout cru que le saumon leur sert de nourriture ; ils souffrent cruellement de la chaleur produite par tant de personnes réunies dans un si petit espace. Les fréquents tourbillons de sable les obligent sans cesse à fermer l’ouverture de la cave, et alors l’odeur et la chaleur deviennent insupportables pour ceux qui n’y sont pas habitués. Ces tourmentes présentent un caractère effrayant dans ce désert aride. Un grand nombre d’Indiens perdent ainsi la vue, et même ceux qui ne l’ont pas à ce point attaquée paraissent souffrir d’inflammation très-grande aux yeux. Le saumon, en séchant, se remplit tellement de sable,