Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.
155
LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

terelle, grandement étonnée, et ne possédant aucun charme par lequel elle puisse se débarrasser aussi vite de la sienne, est obligée de l’ôter de la manière ordinaire en la tirant par-dessus sa tête ; le loup n’attend que ce moment, et, tandis que la sauterelle avait la tête et les bras embarrassés dans sa chemise, il la tue.

Le loup, délivré de sa bruyante et dangereuse rivale, se mit en marche pour retourner chez lui. En arrivant à une distance de quelques milles de la Walla-Walla, il vit trois belles filles Ki-use dont il devint éperdument amoureux ; elles transportaient des pierres dans la rivière ; elles voulaient faire une cascade artificielle ou bien un rapide, afin de n’avoir qu’à se laisser glisser pour prendre le saumon. Le loup épie secrètement leurs opérations pendant le jour ; à la nuit il se rend à la digue ; là, il détruit entièrement leur ouvrage, malice qu’il répète pendant trois nuits consécutives. Le matin du quatrième jour, il voit les jeunes filles qui pleuraient, assises sur le rivage ; il s’approche et leur demande le motif de leurs larmes. Elles répondent qu’elles meurent de faim, parce qu’elles ne peuvent prendre aucun poisson, faute de digue. Maître loup leur propose de leur en construire une, à condition qu’elles veuillent bien devenir ses femmes ; elles y consentent, aimant mieux cela plutôt que périr. Et on voit encore aujourd’hui une longue jetée de pierres qui traverse presque entièrement la rivière : c’est l’œuvre du loup amoureux.

Pendant assez longtemps, il vécut heureux avec les trois sœurs (c’est une coutume très-fréquente parmi les Indiens d’épouser dans une famille le plus de sœurs qu’ils peuvent, sous prétexte que des sœurs s’accordent naturellement mieux entre elles que des étrangères) ;