venir, je devais prendre les plus grandes précautions, et je ne m’exposais pas à un médiocre danger non seulement en le prenant, mais encore en le conservant par la suite ; il y a plus, les voyageurs auraient certainement refusé de faire route avec moi s’ils avaient soupçonné mon larcin, à cause de la crainte superstitieuse attachée aux cimetières. Je profitai cependant de la préoccupation de tout le monde et je parvins à m’emparer d’un crâne complet, sans exciter le moindre soupçon.
À l’endroit où nous campâmes dans la soirée du 5, nous vîmes beaucoup de troncs d’arbres dans la rivière ; ils provenaient d’un éboulement récent.
Pendant la nuit, deux de nos insulaires les Sandwichs désertèrent. On déchargea un bateau qui fut immédiatement envoyé en arrière, pour intercepter leur fuité aux cascades. Ils avaient reçu pour dix livres de marchandises ; cachant, en passant aux cascades, leurs sacs dans les bois, ils espéraient pouvoir retourner sur la côte avec leur butin. On retrouva pourtant les traces, puis les sacs, mais point les hommes ; quant à eux, Tomaquin se chargea de les retrouver.
Le jour suivant, Tomaquin, avec trois hommes de sa tribu, les ramena ; chaque Indien, en ramant, tenait son couteau dans les dents, prêt à frapper si les insulaires venaient. Il parait qu’ils avaient visité son camp pendant la nuit ; il avait alors assemblé sa tribu et les avait entourés ; les insulaires, se croyant perdus, demandèrent grâce. Tomaquin reçut pour récompense quatre couvertures et quatre chemises. Il ne restait plus qu’à punir les déserteurs ; leur sentence fut aussi vite exécutée que prononcée. À leur sortie du canot, notre guide, grand et fort Iroquois, s’empara de l’un,