rhum commença peu à peu à produire son effet, les brigades appartenant à différents postes commencèrent à se glorifier de leurs actes de courage et d’énergie. Cela amena graduellement à voir qui était le plus brave. Il en résulta des combats sans nombre, beaucoup d’yeux pochés et de nez ensanglantés ; mais tout finit en bonne humeur. Le jour suivant, les hommes étaient abrutis, mais en somme bien disposés ; en réalité, les combats de la veille semblaient une sorte de règlement de compte pour toutes les vieilles querelles et tous les ressentiments. Nous ne partîmes que vers trois heures de l’après-midi et ne fîmes guère que quatorze milles ; nous campâmes au bas des cascades, à l’endroit où commence le premier portage, en remontant la Columbia.
4 et 5 juillet. — Nous employâmes ces deux jours à transporter les ballots de marchandises à travers le portage et à traîner les bateaux vides à l’aide de cordes. Cet endroit est une grande station de pêche ; on y prend d’immenses quantités de poisson à une certaine époque de l’année, celle de notre passage. Les Indiens réunis en ce lieu nous donnaient beaucoup de tracas et d’inquiétudes, et il nous fallut faire bonne garde pour échapper à leurs rapines. Dans la soirée du 5, nous achevâmes de passer le portage, et, quoique les hommes fussent fatigués, nous remontâmes la rivière, sept milles plus loin, avant d’établir notre camp, car nous voulions au plus tôt nous délivrer des naturels du pays.
En rôdant, pendant que les hommes transportaient les marchandises aux cascades, je découvris un grand cimetière de têtes plates et j’éprouvai le désir le plus vif de me procurer un crâne. Toutefois, pour y par-