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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.
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le fusil, embarrassé apparemment de savoir, lequel du fusil ou de moi est le magicien. Je ne dis rien, prenant tout cela pour la chose la plus naturelle du monde, mais les Indiens me regardent évidemment comme quelqu’un avec qui il ne ferait pas bon jouer. Le cerf nous procure un splendide souper ; je fais attention néanmoins à ne pas multiplier ces exploits devant les Indiens, afin de ne pas perdre dans leur estime.

14 juin. — Pendant que nous passions devant un rocher isolé, élevé de six ou sept pieds au-dessus de l’eau et d’un peu plus de quatre pieds de circonférence, le vieux chef me demanda si je savais l’origine de cette pierre. Il me conta alors la légende suivante :

Il y a déjà nombre de lunes qu’une famille Nasqually vivait près de ce lieu. Elle se composait d’une veuve et de ses quatre fils : l’aîné était de son premier mari, et les trois autres de son second. Les plus jeunes traitaient leur aîné avec beaucoup de malveillance, lui refusant toute part au produit de leur chasse et de leur pêche, tandis que lui, au contraire, désireux de se les concilier, leur donnait toujours une partie de ce qu’il prenait. C’était un grand magicien, mais les autres ignoraient cette circonstance. Fatigué de leurs mauvais traitements, qu’aucune bonté de sa part ne pouvait modifier, il résolut enfin de se venger. En conséquence, il entra un jour dans la hutte, où ils festinaient, et leur dit qu’il venait de voir à peu de distance un grand veau marin. Ils saisirent aussitôt leur lance et partirent dans la direction indiquée. Arrivés près de l’animal, l’un d’eux le frappa de sa lance ; mais ce veau marin était un grand magicien, ami de leur frère aîné, et que celui-ci avait créé exprès pour