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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.
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nous nous arrêtâmes pour la nuit ; toute la surface de l’eau, en cet endroit, semblait animée par les jeux d’un petit poisson argenté, dansant et rayonnant aux dernières lueurs du soleil couchant. Ce poisson, de la grosseur de nos sardines, se prend en quantité immense ; on l’appelle ici ulé-kun; il est très-estimé pour la délicatesse et l’abondance extraordinaire de sa graisse. Séché, il brûle d’un bout à l’autre, en produisant une lumière claire et continue, comme une chandelle.

On envoya quelques canots pêcher dans la soirée, et on prit des quantités de ces poissons. Voici comment : on se sert d’un instrument d’environ sept pieds de long avec un manche de trois ; dans ce manche, on fixe une lame de bois courbée, de quatre pieds, de la forme d’un sabre, avec le tranchant sur le dos. Sur ce tranchant, à la distance d’un pouce et demi à peu près, on place des dents d’os très-aiguës d’un pouce de longueur. L’Indien, assis dans le canot, fait mouvoir rapidement, à deux mains, l’instrument, le maniant et frappant à chaque coup, comme une rame, du côté du tranchant, à travers la masse compacte du poisson. Le pêcheur n’a qu’une secousse de côté à donner pour jeter sûrement le poisson au fond du canot. On ne se sert jamais de filets pour ce genre de pêche.

13 juin. — En approchant du rivage, nous apercevons deux cerfs qui paissent ; les Indiens veulent les poursuivre, mais comme nous avions déjà perdu quelque temps en route, j’étais encore plus désireux d’avancer. Bien qu’ils soient fort éloignés, pourtant je les tire sans grand espoir ; à mon grand étonnement et à celui des Indiens, l’un d’eux tombe mort. Le chef me considère alors avec une grande attention, et puis examine