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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

cule la valeur de tous les articles sur la côte nord-ouest. Indépendamment de sa richesse, Yellow-cum exerce une immense influence sur toutes les tribus ; son courage personnel et son habileté, et non un droit héréditaire, l’ont élevé au rang de chef principal. Je peux citer comme preuve de son courage et de sa confiance en lui ceci : que je le vis au fort se promener au milieu de plusieurs chefs Clallums, contre lesquels il avait soutenu souvent des luttes acharnées. Il jugeait néanmoins prudent de rester dans le fort après la tombée de la nuit.

Je visitai les huttes des Indiens Eus-à-nich. Leur chef était très-riche, et menait huit femmes avec lui. Je lui fis comprendre en lui montrant quelques esquisses que je désirais faire son portrait, mais je fus repoussé si violemment par ces dames, que je m’estimai heureux de me soustraire à leurs bavardages, tandis que leur mari se tenait assis comme le grand Turc, évidemment flatté de l’intérêt qu’elles montraient pour sa santé. Peu de jours après, je rencontrai le chef seul à quelque distance de son camp, et il consentit à me laisser faire son portrait, moyennant un morceau de tabac.

Dans une de mes excursions journalières, la laideur d’un Indien me frappa particulièrement ; c’était Shawstun, principal chef des Sinahomas. Il me demanda très sérieusement si mon travail n’entraînerait pas pour lui un danger de mort. Mais, après que j’eus achevé l’esquisse et que je lui eus donné un morceau de tabac qu’il tint un moment en l’air, il se plaignit que la récompense était mince pour un pareil danger. Il me suivit ensuite pendant deux ou trois jours, en me priant de détruire la peinture ; à la fin, pour m’en dé-