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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

me dit que, pour lui, il n’avait point eu peur pendant la tempête, qu’il n’avait tremblé que pour moi ; que ses frères et lui pouvaient facilement atteindre le rivage en nageant, la distance eût-elle été de dix milles.

Environ deux jours après mon arrivée au fort, on me prie de faire le portrait d’un Indien. Tout à coup la porte de ma chambre s’ouvre brusquement, et entre un Indien d’apparence très-commune. Comme je ne voulais pas être dérangé, je renvoie l’importun avec très-peu de cérémonie, et je ferme la porte sur lui, supposant que c’était quelque Indien ordinaire. Environ une demi-heure après, M. Finlayson entre et me dit que le grand Yellow-cum, principal chef des Macaws, du cap Flattery, était arrivé au fort. J’avais tant entendu parler de ce chef, et par ses ennemis les Clallums d’Ie-h-nus, et par les Indiens du fort Vancouver, que j’étais résolu, pour le voir, à aller au cap Flattery, c’est-à-dire à faire soixante milles de plus. Très-satisfait de le rencontrer, puisque cela m’évite le voyage, immédiatement je sors pour me mettre à sa recherche. Je ne suis pas peu étonné et contrarié de trouver en lui le visiteur que je viens de mettre si rudement hors de ma chambre. Naturellement, je lui fais mes excuses en lui expliquant que je ne le connaissais pas. Il me répond qu’il me décharge volontiers de toute intention d’insulte, mais que ma manière d’agir l’avait extrêmement mortifié.

Il m’accompagna dans ma chambre, et j’obtins de lui beaucoup de détails sur son histoire particulière. Le père d’Yellow-cum était le pilote du malheureux Tonquin, le vaisseau envoyé par John-Jacob Astor, pour trafiquer avec les Indiens, au nord de l’île Vancouver. Ce fut le seul qui s’échappa du vaisseau, avant qu’on