vers le rivage, que nous côtoyâmes pendant douze ou quinze milles jusqu’à l’embouchure de la rivière. La contrée présente au sud, aussi loin que la vue peut s’étendre, une chaîne continue de hautes montagnes couvertes de neige. Nous remontâmes la rivière un mille jusqu’à une station de pêche indienne nommée Suck. La rivière est barrée dans toute sa largeur par des pieux auxquels tient un ouvrage en branchages, avec des ouvertures conduisant dans des compartiments d’osier ; c’est là qu’entre le poisson qui remonte la rivière. Une fois dans ces entonnoirs d’osier, il ne peut plus sortir. Le poisson se conserve là sans aucun inconvénient, jusqu’à ce que l’on en ait besoin, et le village possède de cette manière un approvisionnement constant. On en prit de grandes quantités à mon arrivée, et un morceau de tabac nous en valut une abondante moisson.
Les Indiens prennent aussi beaucoup de canards avec un filet fixe qu’ils étendent entre deux poteaux hauts d’environ trente pieds, et éloignés de cinquante ou soixante pieds. Ce filet se place dans une étroite vallée par laquelle les canards passent en s’envolant le soir. On fait un feu qui donne beaucoup de fumée au bas du filet pour empêcher les canards de l’apercevoir, et quand ils s’envolent, ils ne manquent pas de venir s’y heurter, ce qui les étourdit et les précipite contre le sol où on les prend.
Le vent soufflant toujours avec violence, nous restâmes jusqu’au 14. Chaw-u-wit, la fille du chef, me permit de faire son portrait. Pendant qu’elle posait, un grand nombre d’indiens nous entourait, ce qui paraissait la fatiguer beaucoup, car la timidité naturelle des femmes indiennes les rend particulièrement sensibles à l’attention publique ou à la moquerie.