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LES INDIENS DE LA BAIE D’HUDSON.

plus voisine, où on le frictionne jusqu’à ce qu’il revienne à lui ; cela s’appelle laver le mort. Aussitôt ressuscité, le néophyte court dans les bois et revient bientôt habillé en magicien, c’est-à-dire recouvert d’une couche de duvet d’oie, collée sur le corps et la tête avec de la graisse : un manteau d’écorce de cèdre découpée couvre ses épaules, et il tient à la main la crécelle magique. Il rassemble alors tout ce qui lui appartient, couvertures, coquillages, ornements, et les distribue à ses amis, comptant pour son entretien futur sur les honoraires de sa profession. La danse et le chant continuent énergiquement pendant cette distribution, puis toute la compagnie revient au festin avec un appétit qui parait merveilleux, à n’en juger que par la quantité de nourriture absorbée.

Les huttes de ces sauvages sont les plus grandes constructions de ce genre que j’aie rencontrées parmi les Indiens. Elles sont divisées à l’intérieur en compartiments, et peuvent contenir huit ou dix familles : elles sont bien bâties, si l’on considère qu’ils détachent les planches des troncs d’arbres avec des coins d’os et qu’ils réussissent à les rendre très-polies et très-régulières. Un jour, je vis une partie de hullum engagée au centre d’une hutte. On joue ce jeu avec dix petites pièces de bois rondes, dont l’une est noircie. Un des joueurs mêle vivement ces morceaux de bois entre deux bottes d’écorce de cèdre découpée. Son adversaire l’arrête bientôt et tâche de deviner dans quelle botte se trouve le morceau noirci. On joue au hullum souvent deux ou trois jours et autant de nuits sans discontinuer.

Suw-se-a, premier chef des Cowitchins du golfe de Georgia, qui était joueur invétéré, jouait avec les autres ;