Ces Indiens à tête plate sont les plus superstitieux que j’aie rencontrés. Ils croient, par exemple, que s’ils peuvent se procurer des cheveux d’un ennemi et les mettre dans un trou avec une grenouille, la tête qui les portait jadis souffrirait les mêmes tourments que la grenouille enterrée vivante. Jamais ils ne crachent sans effacer avec soin toute trace de leur salive, dans la crainte que quelque ennemi ne la trouve, et n’acquière par là le pouvoir de leur nuire. Aussi crachent-ils toujours dans leurs couvertures quand ils en portent.
Je dus aux craintes superstitieuses que leur inspiraient mes peintures, la sûreté et l’aisance avec lesquelles je me mêlais à eux. Cependant l’un d’eux me fatigua beaucoup en me suivant continuellement partout où j’allais, pour empêcher les autres Indiens de se laisser dessiner. Il leur disait que mes dessins les exposeraient à toutes sortes de malheurs. En vain, je lui demandai de cesser. À la fin, je songeai à le regarder fixement lui-même, en tenant mon papier et mon pinceau à la main, comme si j’allais faire son portrait. Très-effrayé pour son propre compte, il me demanda ce que je voulais, et me pria instamment de ne pas le dessiner, promettant de ne plus s’occuper de moi.
Les Indiens ont une grande danse qu’ils appellent la danse masquée des magiciens. On l’exécute avant et après chaque fait important de la tribu, comme la pêche, la récolte de camas, ouïe départ pour une expédition de guerre, afin de capter la bienveillance du Grand-Esprit pour l’entreprise, ou lui rendre hommage après le succès obtenu. Six ou huit des principaux de la tribu, généralement des magiciens, mettent des masques faits d’un bois doux et léger. Ces mas-