avait été mangé par les Scoocooms ou mauvais génies ; que, lui, il avait échappé. J’offris un présent considérable à qui voudrait m’accompagner à la montagne ; mais je ne pus trouver personne. Cette montagne est extrêmement élevée, et, grâce à la neige éternelle de son sommet, on l’aperçoit de fort loin.
Environ trois ans auparavant, la montagne Sainte-Hélène avait été, pendant trois ou quatre jours, dans un état violent d’éruption, lançant des pierres enflammées et de la lave à une immense hauteur, d’où elles se précipitaient ensuite en torrents de feu le long de ses flancs couverts de neige. Nous campâmes pendant la nuit à environ dix milles plus bas, près du Coffin Rock, contre le gré de mes hommes qui ne goûtaient pas ces lieux. On appelle ainsi ce rocher, parce que les Indiens l’ont choisi pour y déposer leurs morts.
Plus bas s’élève un autre rocher sur lequel les indigènes avaient mis deux ou trois cents de leurs canots funéraires ; mais le commodore Wilkes, ayant fait du feu près de cet endroit, les corps furent atteints et presque tous consumés. Les Indiens montrèrent beaucoup d’indignation de la violation d’un lieu si sacré, et ils en auraient certainement tiré vengeance, s’ils s’étaient sentis assez forts.
27 mars. — La pluie tombe à torrents. Au moment où nous approchons de l’un des points du rivage, nous apercevons un Indien tout nu en observation ; voyant que nous nous dirigions vers lui, il s’enfuit dans sa hutte ; quelle est ma surprise de le voir reparaître bientôt avec le chapeau à plumes et l’habit dont il a été question ! M’ayant reconnu, avant le débarquement, comme l’un des blancs qu’il avait vus à bord du Modeste, il me reçoit avec grande amitié et me conduit dans sa