Page:Paul Kane - Les Indiens de la baie d'Hudson.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.

donna un de ses vieux habits à queue de morue avec des boutons en métal. L’Indien fut ravi de ce présent, mais il ne put mettre le vêtement qu’avec des peines infinies ; les manches dépassaient à peine ses coudes, et il s’en fallait d’un bon pied pour boutonner le devant. Il l’endossa pourtant et marcha sur le pont avec une dignité inouïe, au milieu des rires homériques de l’équipage. Ce bruit extraordinaire nous amena sur le pont. Le capitaine ne put résister lui-même à l’hilarité générale et, voulant y ajouter encore, il envoya l’économe chercher dans sa chambre un de ses vieux drapeaux à plumes pour le donner à l’Indien. Alors la mascarade fut complète, et rarement le pont d’un des vaisseaux de Sa Majesté a été le théâtre d’éclats de rire aussi tumultueux et aussi violents.

25 mars. — Je pars du fort pour l’île de Vancouver dans un petit canot de bois, avec deux Indiens, et je campe à l’embouchure de la Walhamette.

26 mars. — Quand nous arrivâmes à l’embouchure de la rivière Kuttlepoutal, à vingt-six milles du fort de Vancouver, je m’arrêtai pour faire une esquisse du volcan de Sainte-Hélène, éloigné, je crois, d’environ trente ou quarante milles. Cette montagne n’a jamais été visitée ni par les blancs, ni par les Indiens ; ces derniers prétendent qu’elle est habitée par une race d’êtres d’une espèce différente, qui sont cannibales, et dont ils ont une grande frayeur ; ils disent aussi qu’il y a un lac à sa base avec une sorte de poisson très-extraordinaire, dont la tête ressemble beaucoup plus à celle d’un ours qu’à celle de tout autre animal. Ces superstitions prennent leur source dans les récits d’un homme qui, disent-ils, alla sur la montagne avec un autre et revint sans son compagnon, disant que celui-ci