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ils sont placés. Si celui-ci devine, on lui remet la natte et on plante un bâton pour marquer son gain. S’il se trompe, on met le bâton du côté opposé comme signe de sa perte. Ce jeu, comme la plupart des jeux des Indiens, était accompagné de chant ; mais, dans cette circonstance, ce chant avait une douceur, une originalité et une harmonie charmantes.

Cette tribu était autrefois très-nombreuse ; mais, par suite de son voisinage immédiat de la ville d’Orégon et de la facilité qu’elle a de se procurer des liqueurs, elle s’est réduite à sept ou huit huttes.

Nous arrivâmes tard, dans la soirée, au fort Vancouver, après une journée de travail sous une pluie abondante et glaciale. Je demeurai au fort jusqu’au 25 mars ; et, quoique la température fût très-humide, je m’amusai parfaitement avec les officiers du Modeste, qui avaient construit des écuries et choisi d’excellents chevaux, sur lesquels nous chassâmes des veaux sauvages. Ce dernier exercice fait surtout valoir la dextérité du cavalier qui, de sa selle, doit arrêter le veau par la queue et lui faire faire la culbute. D’autres fois, nous chassions à tir ou bien nous pêchions. Le voisinage du fort abonde en canards, oies et veaux marins. Un jour, un Indien grand et osseux vint à bord du Modeste. Il portait, suivant l’usage, son costume complet, à la mode de Californie (où l’on dit qu’un col de chemise et des éperons passent pour les seuls vêtements nécessaires), c’est-à-dire qu’il tenait un aviron à la main. Il se promenait sur le pont avec une grande gravité, examinait les canons et autres objets incompréhensibles pour lui, au grand amusement des matelots inoccupés. L’économe du bord fit, par pudeur, descendre l’Indien dans le vaisseau et lui