résider à jamais, au sein du bien-être et de l’abondance.
Les Indiens chinooks et cowlitz ont la coutume d’aplatir la tête beaucoup plus qu’aucune autre tribu à tête plate. Voici comment cela se fait : toutes les mères indiennes portent leurs enfants attachés à une pièce de bois couverte de mousse ou de fibres d’écorce de cèdre ; pour aplatir la tête de l’enfant, elles placent sur son front un coussinet sur lequel elles mettent un morceau d’écorce polie, lié par une courroie qui passe par les trous faits de chaque côté à la planche, et fortement maintenu sur le devant de la tête qu’il emprisonne ; en même temps elles mettent derrière le cou, pour le supporter, un coussinet de mousse ou d’écorce de cèdre. Cette opération commence à la naissance de l’enfant et se continue pendant une période de huit à douze mois, temps suffisant pour que la tête perde sa forme naturelle et prenne celle d’un coin. L’aplatissement du front et l’élévation démesurée de la partie supérieure de la tête donnent au crâne l’apparence la plus antinaturelle.
On suppose sans doute, par le degré auquel elle est portée, que l’opération doit être accompagnée de grandes souffrances ; cependant je n’ai jamais entendu les enfants crier ou se plaindre, quoique j’en aie vu à qui les yeux paraissaient sortir des orbites par suite d’une trop forte pression. J’ai remarqué, au contraire, que, quand on leur ôtait les liens, ils criaient jusqu’à ce qu’on les eût replacés. De la stupidité que montrent les enfants tant qu’ils sont soumis à ce martyre, je suis porté à conclure qu’un état de torpeur ou d’insensibilité se produit en eux ; mais qu’ensuite le retour à la conscience qui en résulte doit naturel-