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14 novembre. — Je restai au camp afin de finir un dessin, les hommes étant partis de grand matin pour le campement de bateau où ils devaient trouver des provisions fraîches, car les nôtres étaient presque épuisées. Je les suivis, ma besogne terminée, et arrivai bientôt à une rivière large de soixante-dix yards et d’un courant très-rapide.

Je suivis les traces sur la neige jusqu’au bord de l’eau, et voyant la force du courant, je cherchai un autre passage, mais je vis bientôt sur l’autre rive les marques des pas de mes compagnons, et je dus me résoudre à ôter mes raquettes et à opérer la traversée. L’eau me montait à la ceinture, marchant avec une rapidité terrible, et roulant des morceaux de glace qui me frappaient au point de m’entraîner : en sortant de l’eau, ma capote et mes leggings étaient complètement gelés ; ce n’était que le commencement de mes peines ; je dus traverser l’eau encore quatre fois, et pour la cinquième je n’osai pas la tenter, mes jambes engourdies me refusant tout service. Je ne l’entrepris qu’après avoir couru en long et en large pour me réchauffer. J’eus à recommencer ces passages douze fois ayant de rejoindre mes compagnons au campement.

15 novembre. — On s’imaginera facilement avec quelle peine nous quittâmes le feu pour nous plonger dans un des courants les plus profonds que nous eussions rencontrés, et couvert de glaces flottantes. Ici, comme dans bien d’autres traversées, nous ne pûmes tenir tête à la violence de l’eau qu’en nous appuyant épaules à épaules dans une ligne parallèle. Mme  Lane, bien qu’on la portât sur les bras, ne s’en acquitta pas moins fort bien de son devoir.