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avant-propos

forme rare, de pouvoir juger si elle est explicable ou si elle est, au contraire, en dehors de toute analogie, anormale ou fautive. Mais quand un détail, même minime, pouvait projeter un peu de lumière sur quelque point obscur, nous n’avons pas hésité à le noter. On trouvera ici mainte particularité non signalée par E. Kautzsch ; par contre, certains détails donnés par ce grammairien ont été délibérément omis.

En évitant l’excès de détails nous avons pu faire plus large la part de l’explication. Ceux même qui ont l’esprit peu ouvert à la grammaire scientifique trouveront qu’une forme expliquée et comprise mord beaucoup mieux sur la mémoire. Une solide initiation à la phonétique permet de retrouver facilement et exactement une forme oubliée et préserve des vocalisations fautives. Pour ceux surtout qui commencent l’étude de l’hébreu un peu tardivement, l’explication rationnelle est un auxiliaire indispensable de la mémoire.

Une langue sémitique comme l’hébreu donne l’impression d’un monde nouveau. Le système phonétique a des valeurs inconnues dans nos langues ; la morphologie et la syntaxe ont des procédés tout différents des nôtres. Pour pénétrer l’organisme et le génie de l’hébreu il faut se défaire de ses habitudes phonétiques[1] et grammaticales, comme aussi de certaines idées suggérées par nos langues. Dès les premiers éléments, la nature des voyelles hébraïques, leur qualité[2] et leur quantité sont exposées d’une façon qui diffère assez notablement de l’enseignement de la plupart des grammairiens. Sur des points assez nombreux, par exemple dans la question si importante des temps, nous nous sommes écarté de certaines vues généralement admises, quand un examen sérieux nous a montré qu’elles n’étaient pas suffisamment exactes. Aussi bien ne comprendrait-on guère qu’un livre de ce genre se bornât à un travail de compilation, d’agencement

  1. Et cela non seulement théoriquement, mais encore d’une façon pratique. L’étudiant devra s’astreindre, dès le début, à prononcer exactement : consonnes, voyelles (timbre, quantité, ton), à observer la division syllabique, etc. Le Français devra notamment veiller à la prononciation exacte des voyelles fermées et en des positions où ces voyelles répugnent aux lois phonétiques de notre langue. Il devra aussi, dès le début, faire sentir fortement le ton mileʿel qu’on a systématiquement marqué dans ce livre, malgré la difficulté typographique.
  2. L’importance capitale de la qualité dans les voyelles hébraïques exigeait pour leur transcription l’emploi de caractères phonétiques.