Page:Paul Joüon - Grammaire de l’hébreu biblique, 2e éd., 1947.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.


AVANT-PROPOS


L’essor pris de nos jours par les études bibliques a fait sentir plus universellement, en particulier chez les catholiques, la nécessité d’une connaissance plus approfondie de la « langue sainte ». Les progrès de la philologie sémitique, d’autre part, obligent à étudier l’hébreu d’une manière plus scientifique, comme on le fait depuis longtemps pour d’autres langues mortes, telles que le grec et le latin. C’est pour satisfaire au besoin d’une grammaire suffisamment complète et de caractère scientifique, souvent exprimé par nos élèves, d’abord à la Faculté Orientale de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, puis à l’Institut Biblique de Rome, que nous nous sommes décidé à entreprendre ce travail. Ce qu’on nous demandait c’était un livre intermédiaire entre les bonnes grammaires élémentaires et les ouvrages monumentaux comme le Lehrgebäude de E. König.

Soit pour la mesure à garder, soit pour la manière d’exposer, nous avons eu en vue la catégorie de plus en plus nombreuse des étudiants qui sentent la nécessité de dépasser le stade de la connaissance purement empirique[1] et veulent se rendre capables de résoudre les multiples difficultés grammaticales du texte massorétique, au lieu de sauter tout simplement par-dessus. Ils trouveront ici non seulement toutes les notions essentielles, mais encore la plupart des particularités d’importance secondaire. Quant aux menus détails et aux anomalies si nombreuses qui peuvent rendre rebutante l’étude de l’hébreu, nous avons dû nous limiter. L’important, du reste, pour l’étudiant, n’est pas tant de connaître un très grand nombre de minuties que de pouvoir se rendre compte d’une

  1. Bien entendu, la connaissance empirique des formes et des mots est le fondement indispensable de toute étude plus approfondie. Il faut assurer la connaissance exacte des premiers éléments : écriture, lecture, paradigmes, vocabulaire usuel. Bien que cette grammaire soit, croyons-nous, parfaitement abordable pour tout esprit mûr et d’une culture philologique moyenne, il est possible que certains trouvent utile de s’initier aux premiers éléments dans un court résumé. C’est l’idée qui a guidé M. Touzard quand il a fait précéder sa Grammaire hébraïque abrégée d’un rapide exposé des « Premiers éléments », destiné à orienter rapidement les débutants.