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Accusatif avec verbe passif

comme on annonça[1]. C’est ainsi qu’à côté de la construction classique legitur Virgilius s’introduisit dans le latin du moyen âge la construction hybride legitur Virgilium au sens de on lit Virgile, construction qu’on expliquait diversement[2]. Semblablement en italien une forme réfléchie telle que si vede aboutit au sens on voit, p. ex. la casa si vede : « la maison se voit = est vue », mais si vede la casa : « on voit la maison » ; lo si vede : « on le voit » ; si compra, si vende mobili : « on achète, on vend des meubles »[3]. — Autres exemples : 2 S 21, 11 et 1 R 18, 13 (encore avec הֻגַּד on annonça) ; Nb 32, 5 יֻתַּן אֶת־הָאָ֫רֶץ הַזֹּאת qu’on donne cette terre ; 1 R 2, 21 (encore יֻתַּן) ; Gn 4, 18 וַיִּוָּלֵד לַֽחֲנוֹךְ אֶת־עִירָד et il fut enfanté (on enfanta) à Hénoch ʿIrad = à Hénoch naquit ʿIrad) (encore avec נוֹלַד 21, 5 ; 46, 20 ; Nb 26, 60) ; Jér 35, 14 הוּקַם אֶת־דִּבְרֵי יְהוֹנָדָב on a exécuté les ordres de Jonadab ; Ex 21, 28 לֹא יֵֽאָכֵל אֶת־בְּשָׂרוֹ on ne mangera pas sa chair ; 13, 7 מַצּוֹת יֵֽאָכֵל on mangera des azymes (sans את à cause de l’indétermination) ; Lév 6, 13 (Nb 7, 10) בְּיוֹם הִמָּשַׁח אֹתוֹ au jour où on l’oindra (avec pronom) ; Nb 11, 22 הֲצֹאן וּבָקָר יִשָּׁחֵט לָהֶם וּמָצָא לָהֶ֑ם אִם אֶת־כָּל־דְּגֵי הַיָּם יֵֽאָסֵף לָהֶם וּמָצָא לָהֶם est-ce que, si on leur égorgeait moutons et bœufs, cela leur suffirait ? Est-ce que, si on leur réunissait tous les poissons de la mer, cela leur suffirait ? (Dans a la construction est la même que dans b, mais את est omis devant le nom indéterminé). Dans Jos 7, 15 הַנִּלְכָּד est au nominatif et יִשָּׂרֵף est passif personnel : il sera brûlé ; puis la phrase continue en supposant à cette même forme le sens de passif impersonnel : [on le brûlera] lui et tout ce qu’il a. Voir encore : Gn 17, 5 ; 21, 8 ; 40, 20 ;

  1. Une autre explication dans Brockelmann, Grundriss, 2, 126 sqq.Kropat (Syntax der Chronik, p. 3) nie l’existence de la construction ; d’après lui le את serait exposant du sujet (cf. § 125 j). Il peut y avoir doute sur la construction dans certains cas, avec את et surtout sans את, mais il est difficile de ne pas voir le את de l’accusatif dans des cas nombreux, p. ex. Gn 27, 42. Du reste on a את également avec le pronom : Lév 6, 13.
  2. Cf. Thurot, Doctrines grammaticales au moyen âge, p. 302 sq., 503 (dans Notices et extraits des Manuscrits de la Bibliothèque Nationale, t. XXII, 2e p.).
  3. En néo-syriaque il s’est développé une construction semblable à celle de l’hébreu : ʾeṯkeṯeḇ laḵṯåbå hånå « on a écrit ce livre » (Brockelmann, 2, 128).