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Histoire de la grammaire hébraïque

du Fayyoum († 942). Les principaux grammairiens juifs dont nous possédons les œuvres sont Ḥayyug (vers 1000), Abuʾl Walid Merwan ibn Ǵanah‍̣ (vers 1030), Ibn Ezra († 1167), David Qimh‍̣i († vers 1235), son père Joseph et son frère Moïse. Ces savants juifs avaient pour les éclairer la connaissance de l’araméen et de l’arabe.

b La première grammaire publiée par un chrétien est celle de Jean Reuchlin (De rudimentis hebraicis, 1506). C’est à lui que remontent bon nombre des termes techniques usités en grammaire hébraïque. Le Juif Elias Levita († 1549) contribua beaucoup, par ses ouvrages et par son enseignement, à répandre la connaissance de l’hébreu chez les savants chrétiens. Jean Buxtorf († 1629) et ses successeurs restent encore étroitement fidèles à la doctrine grammaticale des Juifs. Au XVIIIe siècle A. Schultens († 1750) met à profit sa connaissance de l’arabe pour expliquer et approfondir l’hébreu. Mais c’est au XIXe siècle que la grammaire hébraïque se transforme et prend un aspect de plus en plus scientifique.

c W. Gesenius († 1842) fut l’initiateur du mouvement. Sa grammaire eut plusieurs éditions ; avec de nombreuses et profondes transformations, elle devint un livre quasi nécessaire, auquel renvoient la plupart des commentateurs de l’Ancien Testament. E. Rödiger (14e-21e éd.) et E. Kautzsch (22e-28e éd.) améliorèrent sans relâche l’œuvre de Gesenius. Les dernières éditions données par Kautzsch renferment une masse très considérable de faits sous un volume assez restreint. La doctrine grammaticale est plutôt conservatrice ; l’exposé est en général clair et précis ; la littérature du sujet est à peu près complète. Après la mort de Kautzsch († 1910), la 29e édition a été publiée par G. Bergsträsser, qui a profondément transformé l’œuvre de son prédécesseur. C’est en réalité un ouvrage entièrement nouveau, où l’ordre même des matières diffère notablement de l’ancien ; c’est un livre beaucoup plus érudit, beaucoup plus critique, faisant une part bien plus large à l’histoire du développement de la langue[1].

H. Ewald († 1875) chercha à ramener les faits grammaticaux à des lois et à expliquer celles-ci rationnellement. Sa grammaire (Aus-

  1. Cf. Biblica, 1 (1920), p. 111. Nous n’avons pu utiliser que le 1er fascicule (Phonétique), 1918.