Page:Paul Joüon - Grammaire de l’hébreu biblique, 2e éd., 1947.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.
3
2 ek
Place de l’hébreu parmi les langues sémitiques

e L’hébreu est un développement de la langue parlée en Canaan avant l’arrivée des Israélites. L’ancienne langue de Canaan est connue seulement par certaines gloses des lettres babyloniennes trouvées à Tell el Amarna (Haute Égypte). Ces lettres, qui datent des environs de 1400, sont écrites dans la langue diplomatique d’alors, le babylonien, au gouvernement égyptien, par des scribes du pays de Canaan qui emploient parfois des mots ou des formes de leur langue. En dehors des textes bibliques, l’hébreu ancien est représenté surtout par l’inscription de Siloé (vers 700). L’inscription de Mēšaʿ, roi de Moab (cf. 2 R 3, 4) (vers 850) est dans une langue qui ne diffère de l’hébreu que par quelques légères particularités.

f Le phénicien, qui est représenté par l’inscription du roi Klmu (IXe s.) et par des inscriptions assez nombreuses postérieures au Ve s., est étroitement apparenté à l’hébreu. Le dialecte punique, de Carthage et de ses colonies, se rattache au phénicien.

g Groupe méridional (Arabie, Abyssinie) : l’arabe, l’éthiopien.

h En arabe du nord on possède une inscription du roi Marʾulqais (328 ap. J.-C.). Par les conquêtes de l’Islam, l’arabe se répandit en Syrie, en Babylonie et en Mésopotamie, où il supplanta peu à peu les dialectes araméens, en Égypte, dans l’Afrique du nord, et jusqu’en Espagne.

Les principaux dialectes de l’arabe du sud sont le minéen et le sabéen.

i L’éthiopien ou geʿez est la langue d’une population qui émigra de l’Arabie méridionale en Abyssinie. Le plus ancien monument de cette langue est l’inscription du roi ʿEzana d’Aksum (IVe s. après J.-C.).

j Caractéristiques des langues sémitiques. Les langues sémitiques ont certains traits caractéristiques qui les différencient des autres groupes de langues. Parmi ces caractéristiques, qui se trouvent en particulier en hébreu, on peut énumérer celles-ci : 1) l’existence de certaines consonnes gutturales, en hébreu ח, ʿ ע ; 2) l’existence de consonnes emphatiques, en hébreu ט, צ, (q) ק ; 3) les racines sont pour la plupart purement consonantiques et trilittères ; 4) l’ossature consonantique du mot exprime l’idée générale, tandis que les voyelles expriment les diverses modalités qui déterminent cette idée.

k Affinité du groupe sémitique avec d’autres langues. L’égyp-