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LA POLITIQUE COLONIALE DE 1789 À 1830.

doyer qu’il déposa sur le bureau de TAssemblée. En octobre 1790 il puhmiine Lettre aux philanthropes sur les malheurs des Noirs, et en juin 1791 une Lettre aux Noivs libres de Saint-Domingue et autres îles Françaises, En même temps Tabbé Sibire composait Y Aristocratie Négnère, et l’abbé Cournaud une Adresse à V Assemblée Nationale, Brissot, dans son journal le Patriote, plaidait éloquemment leur cause, et le mulâtre Reymond, en réponse aux attaques de Moreau de Saint-Méry, publiait ses Observations sur les droits des Noirs. La cause de Tabolitionnisme était donc défendue avec ardeur, car on a calculé que sur 330 ouvrages relatifs aux colonies, publiés de 1789 à 1800, 250 ont été consacrés à la question de l’esclavage.

Il est vrai que les adversaires de la liberté ne désarmèrent pas. Deux d’entre eux se firent remarquer par leur acharnement, le marquis de Gouy d’Arcy et Moreau de Saint-Méry, tous deux députés de Saint-Domingue. Le premier adressa de nombreuses lettres à Brissot et à ses commettants. Il en forma un recueil en huit volumes, qu’il ofTrit à l’Assemblée et qui fut déposé dans ses archives. On doit au second des Considérations aux vrais amis du repos et du bonheur de la France à l’occasion des nouveaux mouvements des soi-disant amis des Noirs ( !*’ mars 1791)., Esclaves des colonies et gens de couleur {il 9i), Qi surionildi Description physique, civile, politique et historique de la partie Française de Saint-Domingue (1797). Nous ne parlons que pour mémoire des articles de polémique échangés k propos de cette brûlante question, sous forme de lettres de négociants, d’adresses à divers corps constitués, etc.. Peu de questions soulevèrent autant de débals et furent agitées avec plus de passion.

Les Marseillais se signalèrent par l’àpreté de leurs revendications en faveur de l’esclavage. L’un d’entre eux, le négociant Abeille, avait été envoyé auprès de la Constituante pour défendre les intérêts des colons. Il le fit avec ardeur. Dès le l’^mars 1790 il publiait un Aperçu rapide sur les Colonies, où il donnait des conseils de prudence. La commune de Marseille de son côté envoyait une longue adresse où elle s’efforçait de montrer l’importance des colonies et des désas-