Saluez encore,
Chers oiseaux mignons,
Le ciel qui se dore
Aux derniers rayons.
Gentilles tourterelles,
Roucoulez, roucoulez,
Aux gais rayons ensoleillés
Doucement réchauffez vos ailes.
Blancs amoureux aux cœurs fidèles,
Roucoulez, gentilles tourterelles.
Elle s’arrêta, regardant le couple qui se becquetait et reprit :
Qui chante toujours
Et même en sa cage
Fête ses amours !
Comme vous heureuse,
Sans ma liberté,
Je bénis, joyeuse,
Ma captivité.
Gentilles tourterelles,
Roucoulez, roucoulez,
Aux gais rayons ensoleillés
Doucement réchauffez vos ailes.
Blancs amoureux aux cœurs fidèles,
Roucoulez, gentilles tourterelles[1].
Lorsque Henri revint, il la trouva écrivant à sa table une nouvelle page de ses Mémoires et il se pencha pour lire par-dessus son épaule. Elle n’eut aucun de ces mouvements habituels aux jeunes filles qui confient à un cahier de papier leurs sentiments les plus intimes et leurs plus chères espérances. Pour lui, pour lui seul plus encore que pour elle-même, elle avait rempli ces feuillets, exhalé des cris de triomphe et d’amour, pleuré des larmes de désespoir et, naturellement, elle le laissa lire. Seulement, elle n’acheva pas la phrase commencée et, levant sa tête blonde, elle tendit son front au bien-aimé.
Elle fut longue, cette caresse du baiser où tous deux mirent leur âme entière, si longue et si douce qu’Aurore en tressaillit et leva ses yeux interrogateurs.
Lagardère abaissa les siens sur les mots qu’elle venait de tracer. L’encre en était encore humide et, à certains endroits, éclaboussée d’une larme chère, une perle d’amour tombée sur la page.
- ↑ Le Bossu, opéra-comique, paroles de A. Bocage et de A. Liorat, musique de Ch. Grisart.