Page:Paul Féval L'Homme de fer.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.
L’HOMME DE FER


I


LE SEIGNEUR DES ILES


« …Le Comte Otto tira son glaive et le plongea dans le cœur du vieillard… »

Un grand murmure accueillit cette conclusion attendue. Messire Olivier, baron d’Harmoy, gardait son sourire tranquille.

De nos jours, une histoire semblable à celle de messire Olivier serait un conte à dormir debout ou bien une légende railleuse. En l’an 1469, c’était un récit tout plein d’émotion et d’actualité.

Il ne faut pas oublier, en effet, que les héros mystérieux et terrible de cette légende, le comte Otto de Béringhem, l’Homme de Fer, vivait à quelques lieues de Pontorson. Il ne faut pas oublier surtout que bien des mères étaient en deuil, depuis que ses soudards tenaient garnison dans les Îles Chaussey.

Ce que le récit de messire Olivier pouvait avoir de fantastique dans la forme disparaissait devant la réalité du fond. Il faisait écho aux terreurs de chaque jour. Le temps et le lien se réunissaient pour augmenter l’impression produite : le temps, c’était l’heure présente ; le lieu, c’était le pays même.