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XIV


COMMENT FINIT LA PASSE D’ARMES DE SAINT-SULPICE


On se demanda pourquoi le duc de Bretagne se laissait émouvoir par ce mince événement. Le duc fut en effet sur le point de s’élancer : que lui importait le dénouement original de cette galanterie ? Ceux qui étaient du Roz et qui connaissaient l’écuyer Jeannin furent grandement surpris, au contraire, de son impassibilité. Jeannin aimait sa fille à l’adoration, et son respect pour Berthe, la fiancée d’Aubry, n’avait point de bornes. Pourtant Jeannin resta immobile, nonchalamment assis sur la selle aussi calme en apparence que si Jeannine et Berthe eussent été pour lui des étrangères.

Le nain Fier-à-Bras aurait pu donner, sur ce sujet, quelques explications à la foule, mais l’échanson d’un duc est presque un homme d’État. Fier-à-Bras se sentait venir de la prudence. Il fut discret pour la première fois de sa vie.

Un épisode nouveau vint distraire d’ailleurs l’attention générale.

Tandis que les deux jeunes filles, changeant de couleur et les yeux baissés, demeuraient comme étourdies de leur équivoque triomphe, Aubry de Kergariou mit pied à terre et franchit d’un saut la balustrade qui ferait la lice. Il saisit vivement la moitié de la couronne qui était sur les genoux de Jeannine et la réunit à la seconde moitié suspendue encore au voile de Berthe.

L’Homme de Fer avait repris sa marche lente et regagnait