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XII


AVANT LA PASSE D’ARMES


— Si je veux, il vous aimera ! Berthe serra la main de Jeannine, mais elle ne lui dit point ce qu’elle avait entendu.

Il se fit un grand mouvement dans la foule ; des cris s’élevèrent de toutes parts. Sur la gauche, le cortège ducal passait au trot des chevaux de bataille ; sur la droite, le roi et ses chevaliers descendaient au pas en solennelle cérémonie. Les Bretons inclinèrent la lance, comme c’était leur devoir, et prirent les devants aux acclamations de la cohue.

Presque aussitôt après, un nuage de poussière annonça l’approche d’un troisième cortège. Celui-ci était composé d’hommes aux cuirasses brunies. Ils allaient au galop. Au-dessus de leur escadron serré, la bannière rouge et or du comte Otto Béringhem flottait.

— Messire Aubry, dit Olivier au moment où sortaient du nuage les armures des chevaliers de Chaussey, avez-vous confiance en moi ?

— Pourquoi cette question, messire ?

— Parce que j’ai pour vous l’affection d’un frère aîné. Je vous veux faire heureux en gloire comme en amour.

— Grand merci !… commença Aubry avec la suffisance rogue de ses dix-huit ans.

Il ne se souvenait point des coups de gaule de la quintaine.