Page:Paul Bourget – Un divorce.djvu/322

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
308
UN DIVORCE

nant quoi, tout sera fini… Je ne veux plus de cette guerre religieuse sous mon toit. Je connais Mme Darras. Elle est trop loyale pour manquer à une promesse solennelle. C’est pour cela que j’en veux une. Si elle se refuse à cette rétractation et à cette promesse, qui ne sont qu’un gage de paix pour l’avenir, c’est qu’elle ne veut pas de cette paix. Alors il est préférable d’en finir d’un coup et je ne la reçois pas. Telles sont mes conditions. »

— « Elles sont dures, monsieur, » repartit le prêtre, « elles sont bien dures ».

— « Elles sont sages », dit le mari en se levant, pour bien marquer qu’il n’entendait pas prolonger une conversation désormais inutile.

— « Permettez-moi de préciser un point encore, » insista M. Euvrard, qui s’était levé aussi. « Si Mme Darras refusait ces conditions, vous persisteriez dans votre résolution de lui reprendre sa fille. »

— « Cela va de soi, » dit Darras.

— « Vous ne l’empêcheriez pas de la voir, cependant ? ».

— « Cela va de soi encore. Ce sera une question à régler par les gens de loi. »

— « Vous ne la lui laisseriez pas maintenant, jusqu’à ce que l’enfant ait fait sa première communion ? »

— « Elle ne la ferait pas ! » dit Darras. « J’ai déjà répondu là-dessus à Mme Darras. Reprendre ma fille, pour moi, cela ne signifie pas la reprendre matériellement, mais moralement, et, tout d’abord, je vous le répète, j’entendrai user sans contrôle du droit que j’avais abdiqué, celui de diriger son éducation ».

— « Et vous vous indignez, » dit M. Euvrard,