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LA PRISON

ces vaines comparaisons. Puisque vous savez mes opinions religieuses, tout commentaire est inutile. Il m’est cruel que ma femme vous ait choisi comme intermédiaire. Mais elle vous a choisi, et, après tout, c’était son droit strict. Encore une fois, je vous écoute… »

— « Elle n’est pas venue me chercher, » rectifia l’Oratorien, « elle est venue chercher l’Église. Comment et pourquoi cet appétit, ce besoin plutôt d’une vie religieuse, avec toutes les pratiques qu’elle comporte, s’est-il éveillé en elle, profond, impérieux, irrésistible ? C’est un point, monsieur, que nous ne toucherons pas. Nous l’expliquerions de façons trop contraires. Il suffit que nous l’ayons constaté et que cette constatation soit indiscutable. Sa première visite m’en a été une preuve, et une preuve plus éclatante encore l’extrémité de souffrance qui l’a fait se précipiter hors de chez elle, vous fuir, vous qu’elle aime tant, fuir sa maison, quand elle a cru comprendre que jamais vous n’accepteriez l’idée d’un mariage religieux d’une part, et, de l’autre, que l’éducation catholique de sa fille était menacée. »

— « C’est faux, » interrompit Darras, « jamais cette éducation n’a été menacée, du moins par moi. Mme Darras ne peut pas vous avoir dit cela. Je m’étais engagé, en l’épousant, à permettre que nos enfants fussent baptisés et élevés religieusement. J’ai toujours tenu ma parole. C’est elle-même qui m’en a dégagé en manquant à la sienne, puisqu’elle est partie. Non, l’éducation religieuse de sa fille n’était pas menacée. Si elle l’est maintenant, c’est par sa faute, uniquement par sa faute. Je l’avais prévenue, dans notre dernière conversation, quand