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LES MONNERON

demandait si elle n’avait pas été déjà une école de basse envie, de niais orgueil et de destructive anarchie, pour les ouvriers qui s’y inscrivaient. Des deux amis que son père avait nommés et qui étaient ses camarades de collège, l’un, Salomon Crémieu-Dax, lui était déjà douloureux à fréquenter, par moments à cause de son despotisme d’esprit, et parce que le chrétien qu’il était en voie de devenir allait se heurter, il le sentait, dans ce compagnon de sa jeunesse, à toute la frénésie juive. Quant à l’autre, Adhémar de Rumesnil, il appartenait à cette classe de nobles qui se piquent d’intellectualisme, et qui croient se libérer des préjugés en professant de parti pris les idées les plus contraires à leur naissance et à leur caste. Jean avait eu pour lui un véritable culte. Il lui était apparu, sur les bancs du lycée, à l’époque où la Révolution était sa foi, comme un vrai descendant des gentilshommes de la nuit du 4 août. Il ne croyait plus maintenant à cette funeste nuit, dans laquelle il commençait de voir la plus honteuse des démissions, celle des privilégiés, dépositaires d’un héritage national, et qui l’abandonnent pour ne pas en remplir les devoirs. Surtout il ne croyait plus à son ami. Rumesnil se trouvait mêlé dans son imagination, et d’une manière atroce, à la sinistre chose qu’il redoutait et à laquelle il avait risqué cette obscure allusion dans son entretien avec M. Ferrand. C’était de quoi ne pas acquiescer, sans une réserve, aux éloges que faisait son père de cette