cette évidence. Il sortit de nouveau, sur ce regard déchirant, sans avoir répondu à son camarade. Jean était encore sous l’impression poignante de ces deux scènes. Quelle brusque lueur jetée sur la solitude que ses idées actuelles lui préparaient ! Tout d’un coup il vit reparaître son père, dont l’aspect lui révéla aussitôt qu’il se passait de nouveau quelque chose d’extraordinaire. Le professeur tenait à la main une enveloppe qu’il tendit à son fils, en lui disant :
— « Veux-tu prendre connaissance de ceci ?… » Jean regarda l’adresse. Il vit le nom de M. Ferrand, le timbre de Rome, le cachet aux armes cardinalices. Il tira la lettre de l’enveloppe et commença de la lire, tandis que Joseph Monneron le regardait avec un attendrissement infini :
— « Ah ! mon père, » finit-il par dire, « tu sais… »
— « Je sais tout, » repartit le père, « et c’est bien heureux, car, sans cela, tu n’aurais jamais épousé Brigitte Ferrand. »
— « Mais je ne l’épouserai pas, » gémit le jeune homme. « Tu dois bien comprendre que maintenant ce mariage est impossible… »
— « Crois-tu que j’aurais supporté de tromper quelqu’un ? » reprit Joseph Monneron. « Ferrand connaît nos malheurs…
— « Tu lui as dit… »
— « Ce que je devais lui dire, » répondit l’autre.
— « Mon cher père ! Tu as fait cela !… Mon cher père !… » répéta Jean. Puis, avec cette virilité qui était sa conquête de ces derniers jours : « Tu