bilité est pour moi — comment m’exprimer ? — une probabilité morte. Elle m’est étrangère, je vous le répète. Elle ne touche pas à ce point dernier de la personne où s’élabore la conviction. Où voyez-vous la foi là dedans ?… »
— « Où je la vois ? » répondit M. Ferrand, avec une gravité frémissante : « Dans le fait, d’abord, que vous avez dû, pour admettre seulement cette probabilité dont vous me parlez, détruire en vous tant de préjugés ! Ne dites pas que je vous ai guidé dans ce chemin. Vous m’y avez suivi. Vous m’y avez cherché. Les arguments que vous m’avez résumés vous viennent de moi, et ils me paraissent, en effet, irréfutables. Vous n’auriez pas pris la peine de même les examiner, pas plus que n’ont fait tant d’autres, — car ce n’est rien de bien nouveau, et Pascal les avait donnés, — si vous ne vous étiez senti étouffer dans les doctrines de négation où vous avez grandi. Et pourquoi y étouffiez-vous, sinon parce que des portions inconnues de vous-même avaient le besoin d’une vie religieuse ? Pourquoi vous êtes-vous tant attaché à moi, quand vous êtes entré dans ma classe ? Parce que les idées que je vous représentais, si contraires aux vôtres, réveillaient en vous des traces secrètes. Vous êtes un Français, c’est-à-dire l’héritier d’une longue lignée d’hommes et de femmes qui, pendant des siècles, ont été des catholiques. Vous vous mouvez, vous respirez dans une société imprégnée de mœurs catholiques. La langue que vous parlez, dans la-