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BRIGITTE FERRAND

gionnaire politique de lui avancer les cinq mille francs. Mais, détail qui prouvait combien il avait fait du chemin, rien que dans ces deux heures, sur la voie du pardon, il avait fixé à quinze mille francs et non à cinq, dans sa demande à sa Compagnie, le chiffre de l’emprunt qu’il voulait faire sur sa police. L’emploi de ce surplus ne s’accordait guère au sévère programme de « vache enragée », si rudement énoncé quelques instants auparavant. Il pensait déjà à aider son fils aîné à se relever. Dans cette visite à l’ancien membre du cabinet. Bouteiller, il ne voulait pas seulement demander que le député influent lui prêtât de quoi s’acquitter envers Ferrand, le jour même. Il entendait le prier de faire une démarche pour obtenir à Antoine une concession dans quelque colonie. Les dix mille francs devaient servir, dans sa pensée, aux premiers frais d’établissement de l’amant d’Angèle d’Azay, réhabilité, — il le voyait ainsi ! — par l’acceptation de l’exil et du travail.

L’intègre Barantin n’était pas chez lui. Il était parti la veille pour aller prononcer en province un de ces discours à fortes métaphores, où son copain de l’École Normale avait coutume d’admirer l’énergie de « convictions si hautes, défendues avec tant de désintéressement » ! L’élégance du vestibule du petit hôtel, tendu de tapisseries et garni de tableaux, avec sa cage d’escalier en bois, montant parmi les verdures, était là pour l’attester. Joseph Monneron avait visité souvent cette coquette retraite du politicien doctrinaire et vé-