lique. Elle ne le serait pas, et je me trouve dans la nécessité non plus de me taire, mais de parler. Il faut que je déclare qu’un certain système d’idées, où j’ai été élevé, est faux, — et je n’en suis pas assez sûr ; — qu’un autre, tout contraire, est vrai, et je n’en suis pas sûr davantage. Me faire catholique, c’est une profession de foi. C’est un acte positif. C’est une affirmation. Vous, mon cher maître, m’estimeriez-vous d’avoir affirmé publiquement, solennellement, ce à quoi je ne croirais pas ? »
— « Non, » répondit M. Ferrand, « mais est-il vrai que vous ne croyez pas ?… Vous le dites. C’est peut-être que vous confondez deux choses bien différentes, et qui doivent rester différentes, ce qu’un grand médecin de notre temps, qui est aussi un grand chrétien, le professeur Grasset, de Montpellier, et, depuis, un autre grand savant qui n’est pas encore chrétien, lui, mais qui comprend la croyance, Jules Soury, ont si bien résumé, quand ils ont distingué les certitudes du laboratoire et celles de l’oratoire. Cette distinction, la faites-vous vraiment ? Vous pensez que vous ne croyez pas, parce que vous ne vous trouvez pas, vis-à-vis des vérités religieuses, dans une attitude mentale pareille à celle que vous avez vis-à-vis des vérités physiques et chimiques, par exemple. Mais, moi non plus, je ne l’ai pas. Les dogmes de l’Église dont je suis le plus persuadé : le Péché originel, l’Incarnation, la Résurrection, la Présence réelle, n’ont pas pour moi la même clarté d’évidence que la loi de composition de l’eau.