confondant, pour une seconde, son père et sa mère dans une même pitié : « Et maintenant, il faut qu’ils apprennent le reste, quand je vais te ramener tout à l’heure… Comment expliquer ta blessure ?… Et plus tard ?… »
— « Me ramener ? » s’écria Julie, dont la voix retrouva sa force pour protester contre ce projet. « Tu vas me ramener chez eux ?… Je ne veux pas, entends-tu, je ne veux pas !… Ne me fais pas cela, Jean. Je t’en conjure. Je ne le supporterais pas ! Non ! non ! non !… »
Elle s’était relevée de son lit de douleur, en parlant ainsi, d’un geste violent qui déplaça le pansement et lui arracha un cri, assez aigu pour que le médecin se crût autorisé à revenir auprès du lit. Il avait suivi cette scène d’explication, du fond de l’autre chambre, par l’entre-bâillement de la porte, avec l’inquiétude que lui donnaient les phénomènes observés précédemment chez la jeune fille. Aidé par le frère, il la recoucha sur les oreillers. Il put constater à son pouls qu’elle était de nouveau dans une crise d’extraordinaire nervosisme, et lorsque Jean lui eut, sur sa demande, rapporté l’incident de conversation qui avait provoqué cet accès :
— « Nous devons lui obéir… » dit-il. « La transporter si loin dans cet état serait trop imprudent… Demain, dès la première heure, je viendrai la prendre, et je la conduirai tout à côté, dans la maison des Dames Augustines, rue Oudinot, ou nous procéderons à l’extraction de la