libéraux du groupe, ceux que Boisselot appelait élégamment « les cléricaleux » et les autres. Car, un de ces derniers ayant crié, du milieu de la foule qui gouaillait l’abbé Chanut, Crémieu-Dax et Jean Monneron, à leur passage : « Bravo, l’adversaire ! Ceux qui l’insultent sont des lâches !… » des cris de : « À la rue !… » s’élevèrent de toutes parts, auxquels un des fauteurs de ce vacarme organisé mit fin en réclamant : « La Carmagnole ! La Carmagnole ! » et l’immonde chanson, mise à la mode du jour, commença :
… Que demande un républicain ?
La liberté du genre humain,
Le pic dans les cachots,
La torche dans les châteaux.
Et la paix aux chaumières !…
Impassibles, les deux sergents de ville qui s’étaient approchés du bas de l’escalier écoutaient ce couplet de début : il jette une saisissante lueur sur l’âme révolutionnaire, toujours en train d’osciller entre l’humanitarisme et le massacre. Ce sont les deux pôles de l’excitabilité nerveuse. Ils écoutaient encore, ces honnêtes et simples serviteurs du pays qui avaient, comme anciens soldats, porté peut-être le drapeau de la France en Afrique, au Tonkin, parmi les fièvres et sous le soleil brûlant, cet autre couplet :
…Qui rend esclaves les citoyens ?
Les députés et les chauvins…
Jetons bas la caserne.
La Chambre où l’on nous berne,
Et rasons les frontières !