promets-tu ? Je me suis livrée à toi. Ce serait trop mal de ne pas reconnaître ma confiance. Et tu n’as qu’un moyen pour cela, je te le répète : c’est d’être franc avec moi, brutal même, j’y insiste, pour tout ce qui se passera dans cette entrevue. »
— « Je serai franc, je te le promets, » répondit Jean. « Seulement…»
— « Cela me suffit, » interrompit-elle, « il n’y a pas de seulement… Ou bien Adhémar m’aime aussi, et tu le verras, ou bien… Mais donne-moi ta parole d’honneur, si tu vois qu’il m’aime, de me le dire, je ne te demande rien de plus. Un sentiment vrai a droit à la vérité profonde… Si tu pressentais mon secret, Jean, moi, j’avais deviné le tien. Tu aimes Brigitte Ferrand. Ne me dis pas non, je le sais. Si j’étais son amie et que je me permisse de causer de toi avec elle, trouverais-tu juste que je te cache ce que j’aurais cru lire dans son cœur ? Non, n’est-ce pas ? Ne fais donc pas à mon sentiment le tort que tu ne voudrais pas que je fisse au tien. Il mérite qu’on ne lui mente pas, je te le jure, ce sentiment… Ai-je ta parole ? »
— « Tu l’as, » dit le jeune homme d’une voix grave. Il avait été touché jusqu’au plus vif de son cœur par cet appel inattendu au souvenir de celle dont il savait qu’elle l’aimait, elle aussi, qu’elle souffrait peut-être d’une incertitude analogue à celle de Julie. Le drame familial qu’il traversait depuis sa conversation avec M. Ferrand ne l’avait pas empêché de penser d’une façon continue au problème de conscience posé par le