communiquées. Vous lui avez prouvé la religion. Comment ne croirait-il pas ?
— « On ne prouve pas la religion, » repartit le philosophe. « Je t’ai dit cela aussi, bien souvent. On donne des raisons de croire, ce qui n’est pas la même chose. Une conversion n’est pas une œuvre purement intellectuelle. Sans cela, tout le monde croirait, ou bien personne. On croit avec tout son être, avec son intelligence, certes, mais aussi avec son cœur et avec sa volonté. Il y a des gens qui n’aiment pas à croire, qui ne veulent pas croire, et ils en arrivent à obscurcir pour eux jusqu’aux ténèbres, ce qui, pour toi, pour moi, fait évidence et lumière. Quand Jean Monneron était mon élève, plus d’une fois j’ai vu son intelligence s’ouvrir, se donner, venir à la foi, et sa volonté l’arrêter net dans cet élan. Qui sait s’il n’en est pas de même aujourd’hui ?… »
— « Mais, » dit Brigitte, « sa démarche auprès de vous était sincère, et, s’il veut m’épouser, » — elle souligna le mot en le prononçant, — « il doit vouloir tout ce qui peut l’y aider, excepté une démarche contre la conscience… »
— « Et s’il pense que c’est le cas ? » reprit M. Ferrand, et, sur un geste étonné de sa fille : « Tu oublies qu’entre lui et nous, il y a son père… » — Et, comme Brigitte esquissait de nouveau son geste : « Comprends-moi bien.» continua-t-il, « je sais parfaitement que le père ne refusera pas son consentement. S’il avait dû le refuser, je n’aurais même pas laissé Jean formuler sa de-