de disposer à vue de plus de quinze mille francs. Pour un prélèvement supérieur, il doit aviser le bureau deux jours à l’avance. Que M. La Croix eût lancé cet avis, je l’aurais su forcément, puisque ces affaires-là passent par mes mains. J’aurais rétabli le dépôt en état, tout de suite. Il n’y a vraiment pas lieu de nous sortir des phrases du genre de celles dont tu viens de me gratifier, et dont je ne t’en veux pas, d’ailleurs. Elles prouvent que tu es un vrai Monneron ; et puis, elles sont bonnes chez un socialiste, qui prétend ne pas croire à la propriété !… »
— « Et les faux ?… » s’écria Jean, que l’outrageante inconscience de son frère finissait d’exaspérer. « Oui, les faux ? Car enfin, tu aurais rendu les derniers cinq mille francs comme tu as rendu le reste, tu n’en aurais pas moins matériellement commis trois faux. Que dis-je ? Cinq, en comptant ceux que représentent les deux chèques de retour signés du nom de Montboron, qui n’est pas le tien. Et, dans ton aberration, tu ne sembles pas te douter que d’avoir contrefait la signature d’un autre sur des effets de commerce, cela mène au bagne… Et puis, si tu l’avais perdu, cet argent ? Si tes opérations n’avaient pas réussi ? N’allons pas si loin. Demain, quand lu iras verser la somme chez M. Berthier, s’il te dénonçait à la justice, rien que pour avoir falsifié les livres de comptes que tu étais chargé de tenir ? Car c’est un faux encore, un faux en écritures commerciales, et cela mène au bagne aussi, entends-tu, au bagne !… »