chez nous On a beau s’appeler Cremieu-Dax, on est le beau-frère d’un marquis, on va passer ses soirées dans les salons, on fréquente des belles madames en peau, gorge dehors, mais qui sont bien pensantes, et on veut prouver qu’on n’est pas des malotrus, de ces gêneurs à principes qui ne transigent pas avec l’éternel ennemi. On est tolérant, on est large, on est libéral ! On ouvre à des abbés démocrates, — un abbé démocrate ! non ! laisse-moi me tordre !… — un petit coin que de bons jobards de l’atelier comme moi avaient cru très sûr… Du jour où ce prêtre aura parlé chez nous, il n’y aura plus d’U. T., tu m’entends. Il y aura une Molé. Une Molé ! » répéta-t-il. « Nous n’en voulons pas, de Molé ! L’U, T. n’est pas une parlotte, c’est une action. Nous ne sommes pas des tolérants, nous autres, ni des libéraux. Le calotin ne parlera pas, j’en fais mon affaire, et Crémieu-Dax, qui joue à l’ami du peuple pendant que son papa dévalise le gogo, ton Crémieu-Dax a son paquet ! Je le lui ai mis dans la main, à ma façon. Je ne suis pas un éduqué, moi, je ne suis pas un bourgeois, et tant mieux d’ailleurs, tant mieux, je vois de trop sales choses chez les bourgeois que je fréquente… » et, regardant son cousin avec un ricanement hargneux et rogue qui donnait à ces mots une signification affreusement personnelle, il insista : « de trop sales choses !… »
— « Cette fois, tu vas t’expliquer ! » répondit Jean. Il ne s’agissait plus de Crémieu-Dax ni