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LES MONNERON

sur les moyens qu’il employait pour y suffire. « Mais oui, » insista-t-il, « je n’aime pas qu’on se mêle de mes affaires, et, par conséquent, je ne me mêle pas des affaires des autres. Chacun pour soi, c’est mon principe. Où verrais-tu le mal, d’ailleurs, si Julie arrivait à se faire épouser par ton ami ? Cela vaudrait mieux pour elle que d’aller enseigner la grammaire historique et commenter la Chanson de Roland, d’après les derniers travaux allemands, aux jeunes vierges de Carpentras ou de Brive-la-Gaillarde. Elle a de la défense, notre petite sœur, plus que toi, et autant que moi. Nous en avons appris tous deux assez pour savoir qu’il n’y a qu’une loi d’un bout à l’autre du monde : la lutte pour la vie. Elle struggleforlifise à sa façon, cette petite. Veux-tu prendre mon conseil ? Ne t’occupe pas de cette histoire. Tu gâterais tout… »

— « J’avais deviné juste, » se dit Jean, qui n’insista point. « Il se passe quelque chose, et Antoine y prête la main. Il a souri, quand je lui ai nommé Rumesnil. Mais, si vraiment Adhémar voulait épouser Julie, il ne se cacherait pas de moi, comme il fait… Et ce luxe d’Antoine, et ces bijoux, d’où cela lui vient-il ? Où a-t-il rencontré cette maîtresse ? Ah ! il faut que je prévienne mon père. À l’heure où je lui sacrifie ce que je lui sacrifie, j’ai le droit d’empêcher qu’ils ne lui portent, eux, des coups trop durs. Il n’y a que lui qui puisse avoir assez d’autorité pour les interroger tous deux, et pour savoir… »