Page:Paul Allard - Les origines du servage en France, 1913.djvu/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LES ORIGINES

DU SERVAGE EN FRANCE



ÀVANT-PROPOS


DÉFINITION DU SERVAGE. — PLAN ET LIMITES DE CETTE ÉTUDE.



On peut définir le servage de la glèbe : l’état d’hommes obligés de cultiver un domaine au profit d’un maître, sans pouvoir ni quitter ce domaine ni en être détachés par le maître lui-même.

Cet état constituait un progrès sur l’esclavage proprement dit. L’esclave est moins une personne qu’une chose, dont le maître peut user à son gré : il n’a pas de domicile fixe, pas de patrie, pas de droits ; le pouvoir du maître sur lui est absolu. Au contraire, le pouvoir du maître sur le serf rencontre une limite : cette limite, c’est la terre. Le serf ne peut être arraché du sol qu’il cultive. Cela est déjà un commencement de liberté : quest-ce, en effet,