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peaux égaiera sans la briser l’unité des hommes, qui donc alors, je vous le demande, aura intérêt à empêcher un groupe d’hommes de vivre d’une vie plus étroite, plus familière, plus intime, c’est à dire d’une vie nationale, avec le groupe historique auquel le rattachent de séculaires amitiés ? (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.)

Jaurès. Et comme c’est la classe des salariés, comme c’est en tout pays, la classe prolétarienne qui pressent le mieux l’ordre nouveau, parce qu’elle souffre le plus de l’ordre présent, comme c’est elle qui dès aujourd’hui prépare le mieux l’accord international du prolétariat, avec elle et comme elle, nous sommes internationaliste pour préparer l’abolition des iniquités sociales, qui sont la cause des guerres, et l’abolition des guerres qui sont le prétexte des armées.

Mais, en attendant cette réalisation de la paix internationale par l’unité socialiste, il est du devoir de tous les socialistes, dans tous les pays, de protéger chacun leur patrie contre toutes les agressions possibles. (Exclamations au centre. — Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche.)

Je m’étonne des marques de satisfaction étonnés qui semblent accueillir ces paroles, comme si l’on avait jamais pu sérieusement et honnêtement nous prêter une autre pensée. (Très bien ! très bien à l’extrême gauche.)

M. Ribot, président du conseil, ministre des finances. Vous auriez dû commencer par là.

Jaurès. Pourquoi ?

M. le président du conseil. Parce que nous discutons le budget de la guerre et que c’est une œuvre nationale que nous faisons.